C’est une révolution pédagogique pour les uns, une arlésienne pour les autres. Depuis le début des années 2000, l’évaluation des compétences s’est progressivement fait une place dans le système éducatif français, en tant qu’alternative à la notation classique. Pourtant, peu d’établissements ont réussi à l’intégrer de manière efficace et cohérente dans leur système d’information. À ceux qui pensent franchir le pas, nous livrons ici quelques premières clés de décryptage pour vous aider à relever le défi.

L’évaluation par compétences est une approche visant à doter l’élève de capacités concrètes, plutôt que de se focaliser uniquement sur la maîtrise de connaissances théoriques. Elle érige l’apprenant en acteur de son apprentissage, en mobilisant ses ressources dans le cadre d’un processus plus autonome. Elle met l’élève face à des tâches nouvelles qui exigent de sa part un choix, une combinaison et une mise en œuvre de plusieurs ressources acquises. L’objectif est de permettre à l’apprenant d’exercer efficacement ses acquis dans des situations variées qu’il rencontrera dans sa vie professionnelle, donc d’être plus en phase avec les attentes du marché de l’emploi.

Dans une logique gagnant-gagnant, l’approche par compétences promet de mettre à disposition des enseignants un cadre pédagogique structuré, permettant de définir précisément les attendus et de suivre la progression des élèves. Elle favorise une évaluation diagnostique, mettant en évidence les points forts et les axes d’amélioration de chaque apprenant dans une logique encapacitante. Du côté des étudiants, l’évaluation par compétences est censée valoriser l’engagement, l’autonomie et la capacité à mobiliser des ressources dans des situations concrètes, des qualités jugées essentielles pour leur future vie professionnelle.

Surmonter les obstacles 

Malgré ses promesses, la mise en place de l’évaluation par compétences peut soulever certaines difficultés au sein des établissements d’enseignement supérieur. L’une des craintes exprimées est la coexistence potentielle de deux systèmes d’évaluation (et ses « mécanismes » sous-jacents) : les notes traditionnelles et l’évaluation par compétences. Cette dualité pourrait engendrer une complexification des règlements pédagogiques, donc une confusion chez les étudiants et les enseignants, ainsi qu’une charge de travail supplémentaire pour les équipes pédagogiques et administratives afin de les mettre concrètement en place dans les processus de l’établissement.

Selon Jean Guillemot, Product Owner chez Auriga, “l’adoption de l’évaluation par compétences nécessite également de réconcilier deux visions à finalités différentes”. D’une part, les organismes certificateurs comme le RNCP suivent une logique descriptive et métier, axée sur la description des compétences attendues et des formations associées. D’autre part, des organismes accréditeurs comme l’AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) se concentrent sur la capacité de l’école à mettre en place des processus pour mesurer les acquis et établir des statistiques sur le niveau avéré des compétences acquises par les apprenants, tout en encourageant une démarche d’amélioration continue. Cette dichotomie peut parfois dissuader certaines écoles de s’engager dans l’évaluation par compétences, craignant de remettre en cause un fonctionnement pédagogique bien ancré et renommé, parfois considéré comme une marque de fabrique de l’établissement. Mais selon Jean Guillemot, “cette appréhension repose avant tout sur un simple quiproquo”, les deux types d’organismes proposant une approche complémentaire plutôt qu’antinomique. En réalité, il s’agit d’une opportunité pour les établissements de renforcer la qualité de leur offre éducative en intégrant ces perspectives complémentaires dans une stratégie pédagogique globale.

Par ailleurs, certains membres du personnel pédagogique et administratif peuvent se montrer réfractaires à cette nouvelle approche, craignant une remise en question de leurs pratiques pédagogiques. La formation et l’accompagnement des équipes sont donc essentiels pour assurer une adhésion collective au projet. Les interrogations doivent être anticipées et traitées en amont pour garantir la cohérence et la lisibilité de la formation. Cela implique de proposer des formations ciblées aux enseignants, aux responsables pédagogiques et aux équipes administratives, afin de leur permettre de comprendre les principes et les enjeux de l’évaluation par compétences. Des ateliers pratiques et des séances de coaching peuvent être organisés pour aider les enseignants à intégrer cette nouvelle approche dans leurs pratiques pédagogiques. De plus, des formations spécifiques peuvent être proposées aux équipes administratives pour les aider à gérer les aspects logistiques et techniques de l’évaluation par compétences. Enfin, des sessions d’information et de sensibilisation peuvent être organisées pour les étudiants, afin de leur expliquer les bénéfices et les modalités de cette nouvelle approche.

La question de la diplomation peut également se poser : comment intégrer les compétences acquises par les étudiants pour caractériser et valoriser leur diplôme ? Enfin, la gestion de la modélisation et de l’évaluation des compétences au sein du système d’information de l’établissement représente un défi technique, pouvant nécessiter des adaptations et des développements spécifiques. Avant de pouvoir mettre en place un système d’évaluation par compétences, il est essentiel que l’école engage une démarche préalable de réflexion collective. Cela implique de rassembler autour de la table les enseignants, le service carrières et autres acteurs clés pour matcher les compétences avec les cours délivrés. Cette étape cruciale nécessite de prendre en compte les débouchés professionnels et les attentes des employeurs, afin de garantir que les compétences évaluées sont bien celles qui sont attendues sur le marché du travail. Il s’agit d’une démarche longue et complexe pour aboutir à un consensus. Il n’existe pas d’outil numérique tout fait pour cela, il faut dégager un processus informatique transcrivant le processus d’ingénierie pédagogique spécifique à chaque établissement.

Un ERP adapté aux enjeux de l’évaluation par compétences

L’importance de se doter d’outils numériques adaptés est fondamentale. L’ERP d’Auriga permet d’élaborer un référentiel de compétences personnalisé, en adéquation avec les objectifs pédagogiques de l’établissement. Il offre ainsi un suivi individualisé des étudiants, favorisant la réussite de chacun dans son parcours de formation.

Pour optimiser la mise en place d’un système complexe et cohérent d’évaluation par compétences, Auriga propose un module dédié au sein de son ERP. Cet outil permet aux équipes pédagogiques et administratives d’élaborer et de mettre en œuvre ses propres critères de validation, adaptables aux spécificités de chaque formation. Le module offre également la possibilité de définir des taux de validation pour chaque compétence, permettant un suivi précis de la progression des étudiants. Ces compétences peuvent être associées à un ou plusieurs cours, favorisant une approche transversale et interdisciplinaire.

Maintenant que vous savez que l’évaluation par compétences est à votre portée, êtes-vous prêt à franchir le pas ? Une telle démarche fédère différents types d’acteurs d’un établissement autour d’une réflexion transverse. Elle peut permettre de repenser son offre de formation en la rendant plus lisible, plus adaptée et plus en phase avec les attentes actuelles d’un nombre croissant d’étudiants tout en questionnant certaines pratiques, ainsi que certains processus parfois devenus obsolètes. Quel que soit votre objectif principal, notre équipe d’experts est à votre écoute pour discuter de votre projet.

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